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    Arina fit rapidement un point de la situation. Michiyo était à genoux sur les gravats un peu plus loin, tentant de reprendre son souffle, une plaie à la jambe saignant abondamment. Michiko était debout, penchée en avant, la respiration saccadée et les yeux fixés droit devant elle, tandis qu’elle tâchait de retenir d’une main le sang qui lui coulait du nez. Et, la jeune Uchiwa n’était pas en meilleur état, avec son bras tailladé et un filet de sang coulant de sa bouche, goutant sur ses genoux.

    Tout autour, les ninjas de Konoha s’épuisaient rapidement face aux invocations de la femme aux cheveux roux. Ils avaient compris bien vite que, loin d’être de « simples » animaux à tailles monstrueuses, ces invocations étaient particulièrement coriaces. Peu importaient les coups qui leur étaient adressés, elles se régénéraient assez facilement (surtout pour ce chien polycéphale là), ce qui était un poil embêtant. Et les miniatures de Katsuyu, l’invocation limace de Tsunade, qui étaient venus épauler chaque ninja, n’aidaient que pour soigner les blessures.

    Arina se mordit la lèvre. Personne n’avait encore réussi à toucher l’invocatrice. Elle restait en arrière, ne participait nullement au combat, et la brune avait la désagréable impression qu’elle cherchait à atteindre le bâtiment devant lequel tout l’attroupement se trouvait. C’était la Section d’Interrogatoires, et Arina savait qu’en ce moment même une équipe essayait d’extirper des informations à un shinobi que Jiraya avait capturé à Ame, dans l’espoir de trouver des informations supplémentaires sur ce Pain. Ces renseignements étaient vitaux, et ils devaient faire tout ce qu’ils pouvaient pour retarder la femme aux piercings.

    Un tremblement du sol lui fit lever les yeux. Le chien polycéphale fonçait à nouveau dans leur direction. Michiyo et Arina se remirent aussitôt sur leurs jambes, et, sans même se jeter un regard, clamèrent d’une même voix :

    — Katon ! Gōkakyū no jutsu !

    — Fûton ! Atsugai ! renchérit Michiko en visant les attaques de feu de ses camarades.

    L’amplification du feu par un souffle de vent destructeur faisait en général de cette technique combinée un monstre dévastateur, auquel il fallait une sacrée puissance dans les jambes, ou bien une attaque Suiton pour en réchapper sans aucune égratignure. Mais, là où l’attaque l’avait touché, une nouvelle tête poussait sur l’invocation. Michiko serra les dents, jetant un regard de haine à l’invocatrice, toujours en retrait, intouchable.

    Un cri lui fit tourner la tête vers la gauche, les yeux écarquillés.

    — ARINA !

    Michiyo, plus proche, rejoignit la brune au pas de course. Cette dernière s’était accroupie auprès d’un enfant, afin de vérifier s’il allait bien… seulement, le rhinocéros géant chargeait dans leur direction. Arina tourna la tête tandis que l’enfant poussait un cri terrifié. Michiyo posa ses mains sur leurs têtes, et tous trois disparurent pour réapparaitre sur une pile de gravats, plus loin.

    — Merci, souffla Arina en passant une main nerveuse sur son menton où coulait toujours un filet de sang.

    — Tu me dois un resto, fit Michiyo, son regard scrutant les alentours.

    — On verra s’il en reste toujours d’ici-là, grogna l’Uchiwa en jetant un coup d’œil furieux à la rue voisine où aucun des bâtiments n’était entier.

    De son côté, Michiko avait sauté sur un toit proche pour éviter l’attaque de l’animal. Elle fronça les sourcils en remarquant que l’invocatrice était postée sur le dos du rhinocéros, cette fois-ci.

    — Merde…

    La façade de la Section d’Interrogatoires était détruite. Des silhouettes bougeaient derrière le nuage de poussière causé par l’explosion, tandis que la femme aux piercings prononçait quelques mots que Michiko ne put entendre. Cette dernière plissa les yeux. L’invocatrice était beaucoup trop concentrée sur ce qu’il se passait dans le bâtiment. Le chien polycéphale avait été pris en charge par une unité de l’Anbu. La blonde leva alors la main.

    — Fûton ! Kaze no Yaiba ! L’épée du vent !

    Une lame de vent particulièrement tranchante se forma au niveau de ses doigts. Elle prit alors de l’élan, avant de s’élancer en visant le dos de la femme. Elle était déconcentrée… c’était maintenant ou jamais…

    La femme ne bougea pas, cependant, une autre silhouette, massive, surgit à droite et intercepta la jeune Anzai avant qu’elle ne puisse porter son coup. Il l’écrasa au sol, la maintenant par la gorge ; la jeune fille eut un hoquet lorsque ses poumons se vidèrent de l’air qu’ils contenaient sous l’effet du choc.

    C’était un homme de corpulence assez forte, aux mêmes cheveux roux que l’invocatrice, avec d’innombrables piercings au visage également. Et –Michiko ne l’avait pas vu sur la femme, elle était trop loin- des pupilles étranges, plusieurs cercles concentriques dans tout l’œil. La blonde était certaine de n’avoir jamais vu quelqu’un avec de telles pupilles, pourtant elles lui disaient vaguement quelque chose.

    Suffoquant, elle tâcha de donner nombre de coups de pieds dans le ventre de son adversaire, mais il ne lâchait pas. Il dit, d’une voix calme et ferme :

    — Où est Naruto Uzumaki ?

    Les mains serrées autour des doigts du ninja, essayant de desserrer son étreinte, Michiko écarquilla les yeux. Mais oui, bien sûr, ils étaient là pour Naruto… Elle sentait sa réserve de chakra se vider… il lui absorbait du chakra…

    — Je ne… vous le… dirai pas, suffoqua-t-elle.

    D’autant plus qu’elle n’avait pas la moindre idée de où était Naruto. Cela faisait quelques jours qu’il était parti de Konoha, et même Michiyo n’avait pas été informée de l’endroit où il était allé, elle savait juste qu’il était parti s’entraîner.

    Les doigts du ninja se resserrèrent tandis qu’il plissait les yeux, plutôt mécontent de la réponse.

    — Très bien. Tu ne…

    — SUITON ! SUIRYUBEN !

    Michiko sentit la prise sur sa gorge se desserrer avant de disparaître. Elle se remit à genoux, les doigts instinctivement posés sur sa gorge, et leva les yeux vers un homme qui avait créé un fouet formé d’eau qui s’était enroulé autour des bras et du torse du ninja roux, l’ayant forcé à reculer. Le manipulateur du Suiton tourna vers Michiko des yeux gris et froids.

    — Miss Anzai, je vais vous demander de bien vouloir immobiliser cet homme.

    La jeune fille hocha la tête en fronçant les sourcils de concentration, comprenant ce que l’homme allait faire. Ce dernier donna un coup de pied au sol et de l’eau vint s’enrouler autour des chevilles et des mains de l’autre. Cependant, une aura se forma autour de l’homme, et toute l’eau qui le maintenait disparut. Le ninja aux yeux gris poussa un grognement, puis jeta un œil autour de lui pour évaluer la situation. L’invocatrice se battait contre Ibiki et d’autres shinobis. Plus loin, Arina était toujours penchée sur l’enfant qui avait l’air incapable de marcher, Michiyo surveillant les alentours à son côté. Un homme que Michiko ne connaissait pas les avait rejoints.

    Ce dernier était accroupi face à l’enfant qui pleurait à chaudes larmes en jetant des regards terrifiés aux bestioles géantes toujours là.

    — Je crois qu’il s’est cassé une jambe et le poignet lorsque des gravats de taille importante ont volé avec une technique que nous avons lancée, expliqua Arina avec un vague mouvement de la main dans la direction où elle, Michiyo et Michiko avaient exécuté la technique un peu plus tôt.

    — On devrait l’emmener à l’hôpital sans tarder, dit Michiyo en fixant du regard le chien polycéphale occupé avec les membres de l’Anbu, il est en danger ici.

    — Vas-y toi, tu peux te téléporter !

    — Pour ça ce serait bien qu’il se calme un minimum ; c’est un gosse, il contrôle pas son chakra, et je suppose que tu les vois, les vagues de chakra qui émanent de lui à cause de sa panique. Il risque de perturber mon propre chakra et la téléportation risquerait de mal tourner, du style ses deux jambes restent ici.

    L’enfant poussa un gémissement. L’homme qui avait rejoint Michiyo et Arina, qui n’avait rien dit jusque-là, adressa un sourire doux à l’enfant.

    — Je m’appelle Kei. Ça va aller, d’accord ? Regarde.

    Il porta son index et son majeur à ses lèvres, comme s’il les embrassait, avant de les poser sur une plaie qui barrait la joue de l’enfant. Le chakra vert du ninjutsu médical émana alors de ses doigts, et la plaie se referma toute seule. Kei continua, tranquillement :

    — Je ne suis pas ninja médecin, d’autres feront ceci mieux que moi. Tu seras en sécurité là-bas… si tu veux bien laisser cette dame t’y emmener.

    Michiyo, les bras croisés, baissa les yeux vers le gamin. Elle ne sentait plus les vagues de chakra incontrôlées. Elle pouvait effectuer sa technique sans danger pour l’enfant. Ce dernier hocha la tête. La jeune Uzumaki posa alors la main sur sa tête, et ils disparurent tandis que Kei retirait sa main.

    — Au moins ses jambes ne sont pas restées sur place, remarqua Arina en se remettant debout, imitée par le jeune homme.

    Ce dernier croisa le regard d’une femme aux cheveux noirs, un peu plus loin ; il se jeta alors sur Arina pour la plaquer au sol en criant :

    — A terre !

    L’instant d’après, de la foudre noire en forme de panthère passa au-dessus de leur tête pour s’écraser contre le chien polycéphale qui s’échappait progressivement des membres de l’Anbu ; déséquilibré, l’animal bascula sur le côté, provoquant un puissant tremblement de la terre.

    Kei redressa la tête et écarquilla les yeux :

    — DAI ! DERRIERE !

    Lorsque le dénommé Dai, l’homme aux yeux gris, se retourna, il se décala un peu en même temps et Arina put voir Michiko parant avec ses bras une attaque au corps à corps lancée par l’homme roux aux piercings.

    La jeune Uchiwa se remit debout et se précipita à la suite de Kei qui s’était rué en direction de Dai et Michiko. Cette dernière fit un bond en arrière, se pencha afin d’éviter un coup de pied de son adversaire, puis attaqua ce dernier en pivotant sur elle-même en tentant de lui mettre son pied dans le visage. Mais le ninja, en plus d’être particulièrement résistant au ninjutsu, avait une force physique impressionnante ; aussi il lui fut aisé d’attraper Michiko par la cheville et de la fracasser par terre comme si elle ne pesait guère plus que quelques kilos ; ceci dans un craquement inquiétant.

    Le souffle coupé, la jeune kunoichi tenta de se retourner sur le dos, mais le pied de l’homme roux s’écrasa dans son dos, rendant vaine sa manœuvre ; d’autant qu’il maintenait autour de lui une aura telle que les attaques ninjutsu de Dai étaient sans effets. Il dégaina un kunai sans dire un mot, et visa un point entre les omoplates de la jeune Anzai. Il leva le bras ; puis l’abattit. Cependant, Kei s’était interposé, les bras écartés, et le kunai se planta dans son épaule. Il serra les dents, et jeta un regard furieux au membre de l’Akatsuki. Surpris par cette intervention, ce dernier ne para pas le coup que lui porta Arina et fut projeté un peu plus loin.

    Kei s’écarta de Michiko en reculant de quelques pas, la laissant se relever. Elle poussa un petit gémissement en s’appuyant sur sa cheville blessée.

    — Est-ce que ça va ?

    Elle hocha néanmoins la tête et croisa alors le regard du jeune homme. Elle eut un hoquet de surprise. Ce visage, elle ne le connaissait pas, mais dans ces yeux brillaient une lueur de fureur, et, dans l’œil gauche, cette lueur orangée si particulière… « Kazuki ?! »

    — Appelle-moi Kei, fit précipitamment Kazuki avec un regard insistant.

    — Merci, Kei.

    Elle se tourna alors vers Arina qui se battait toujours au corps à corps contre l’homme de l’Akatsuki, avec l’aide de Dai.

    — Il peut absorber le chakra et les techniques ninjutsu, informa Kazuki en se remettant en position de combat.

    — J’avais cru comprendre, marmonna Michiko en l’imitant, en essayant de ne pas appuyer sur sa cheville.

    Cependant, quelque chose d’étrange se passa. Leur ennemi recula soudainement, plissa les yeux, avant de disparaître. Comme ça.

    En plein milieu d’un mouvement, Arina reposa son pied un peu trop brutalement sur le sol et vacilla un peu sur ses jambes avant que Dai ne l’attrape par les épaules pour l’empêcher de tomber.

    — Mais que… il est où ?! rugit la brune, frustrée de s’arrêter soudainement.

    Dai haussa les épaules, avant de tourner les yeux vers le bâtiment de la Section d’Interrogatoires. La femme aux piercings avait aussi disparu, ainsi que ses invocations.

    — Si vous voulez mon avis, ça ne présage rien de bon, marmonna le jeune homme aux yeux gris et glaciaux.

    — Bah, fit Arina en plaçant ses mains derrière son crâne dans une pose détendue, c’est pas plus mal en vrai, parce que bon, il faut dire que…

    Elle ne termina néanmoins pas sa phrase. Un cri s’éleva, un peu plus loin :

    — C’est quoi, ça ?!

    Tous levèrent les yeux vers le ciel, vers lequel se pointaient quelques mains. Un petit point noir s’y élevait, montant de plus en plus haut.

    S’éleva un grand silence. Un peu comme juste avant que la tempête ne s’abatte.

    L’explosion qui s’en suivit fut sans précédent. Personne n’y voyait plus rien, n’entendait plus rien. Tous les cris étaient étouffés par les bruits des chutes de pierres.

    Les miniatures de Katsuyu se déployèrent pour envelopper et protéger chaque être vivant à leur portée.

     

    Aussi incroyable que ce soit, en une seule et même technique, le leader de l’Akatsuki venait de rayer le village de Konoha de la carte.


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